Et voilà, la dernière nuit à la maison est passée, on applique les consignes à la lettre : réveil à 5h du matin, pendant que je fais ma toilette + douche ma binomette prend son petit dej pour être en forme pour me conduire jusqu’à la clinique.
Route sans histoire, on ne blague pas trop, perdus dans nos pensées respectives, merci pour toute la douceur et l’amour que tu me portes, on arrive à être sereins jusqu’au dernier moment.
Merci de ne pas avoir craquée lorsqu’on s’est dit “au revoir” !!!
Je m’engage vers la porte d’entrée avec mes deux sacs, et je déroule mon scénario … masque sur le visage, ascenseur, secrétariat, paperasse, attente. Une infirmière viens me chercher, très chaleureuse, finalement je ne passe même pas par ma chambre, direction une cabine pour se changer, mettre toutes mes affaires dans une caisse “qui sera directement envoyée dans votre chambre ne vous inquiétez pas”, dernier SMS à ma binomette de vie pour lui faire un dernier bisous … et c’est avec la blouse en papier, culotte en papier, chaussons en papier et peignoir sur le dos que je sors de la cabine, direction la salle d’attente.
Une attente plus ou moins longue selon le point de vue, pour ma part je n’ai pas vraiment trouvé ça long, c’est un moment particulier où je ressent l’anxiété voir la détresse des autres personnes présentes, je ne sais pas pour quel type d’opération ils sont la mais on bavarde un peu avec en bruit de fond la télé, un par un tout le monde est appelé jusqu’à ce que je me retrouve seul. J’en profite pour éteindre la télé qui passe en boucle des images de Donald Trump et des résultats des Municipales …. enfin du silence. Puis deux autres personnes entrent, bonjour, début d’échanges puis silence. Une femme arrive toute bien habillée alors j’essaye de blaguer et lui dire qu’il n’y a que les blouses-en-papier-cul-nu qui sont acceptés ici … elle rigole un peu et me dit qu’elle attends son fils …
Le sketch, je ne sais pas pour quelle opération ce grand gaillard de 20 ans viens mais il est à mourir de rire “mais t’as vu comment ils m’ont sapés ???? c’est pas possible j’ai trop honte” hahahaha c’est sur que ce grand dadais a pas l’air à son avantage s’il devait aller draguer des minettes à la plage fringué comme ça. Alors j’en rajoute une couche (il a une coiffure à la brice de nice) “et vous allez voir quand ils vont vous appeler ils vont vous demander de mettre la charlotte qui se trouve dans la poche droite de votre peignoir” … il me regarde en passant sa main dans ses cheveux et me dit “non c’est pas possible” … et ça n’a pas manqué … je vous dis pas, l’ambiance est vraiment devenue très drôle grâce à lui !
C’est mon tour, un infirmier m’accompagne à pied dans des couloirs et puis finalement reçoit un appel téléphonique et me dit “bon ben on va jusqu’au bloc” … la porte s’ouvre, je croise mon chirurgien qui me dis un mot gentil du genre “vous allez bien ?” … j’ai failli lui dire “heu ça irait mieux si vous alliez dans la même direction que moi, c’est bien vous qui devez m’opérer hein rassurez-moi” mais je me garde de faire de l’humour dans ces instants particuliers 🙂
J’entre dans le bloc à pied, c’est bien la première fois que ça m’arrive. L’anesthésiste est là pour m’accueillir, elle est *super* super chaleureuse, vraiment c’est un accueil très humain, très … chaleureux, elle se souviens très bien de moi “alors on fait une grosse plongée avec les manta ce matin” … on bavarde le temps de s’installer sur la table d’opération, elle me pique pour installer son petit bazar tout en continuant à me parler sur le même ton joyeux, son assistant a le temps de me dire qu’il est N1 et elle Advance (PADI), qu’elle a débutée la plongée à Raja Ampat et que forcément elle redoute un peu d’aller voir à quoi ressemblent les fonds à Marseille …
Derniers instants conscient, elle m’explique ce qui se passe “vous allez doucement vous endormir, sentir la vue qui se brouille, on vous pose un masque à oxygène, détendez-vous … bon vous êtes pas très tendu d’un autre côté mais détendez vous encore plus et … zouuuuuuu on coupe la lumière”
La suite est – comme toujours avec les anesthésies générales – pas clair du tout, salle de réveil, échanges quelques mots puis déplacement jusqu’à la chambre, je me souviens qu’ils ont réussis à me faire glisser du brancard au lit sans que je ne ressente rien, puis coltard dodo et mes souvenirs se mélangent.